La marche avait été longue, mais Othello y était habitué. D’autant qu’il avait pu dormir dans un chalet la nuit précédente. Sa tortue dans les cheveux, le gamin attendait patiemment sur le quaie, assis sur un rondin. C’était un rendez-vous mensuel. Il frissonnait. Non pas de froid, mais d’angoisse. En agitant un peu les épaules, il entendit les débris cliqueter dans son sac. Le chasseur déglutit péniblement. Les pupilles en l’air, il s’adressa à la tortue.

▬ Mais non voyons, elle ne va pas me sacrifier … enfin pas en dehors de son île. Si ?

Il avait brisé le masque. C’était une semaine plus tôt. Pas de refuge, des infectés traînant ça et là … Othello avait dû dormir dans un arbre. Et au petit matin, il avait chuté, le cul sur son précieux déguisement. Un “oh” lamentatif avait retenti dans la forêt, et il avait pris ses jambes à son cou avant que les ennemis ne rappliquent. Bref, il était maintenant dans la merde, parce qu’Alcmène ne lui pardonnerait probablement pas cette erreur. La tortue gigota sous la capuche, et Othello du la remettre en place. Il en profita pour faire glisser son sac à dos et sortir les jolies plumes récoltées pour la demoiselle. Au moins avait-il de quoi payer la réparation.

▬ Putain on aurait pu fournir des gogo danseuses avec tout ce matos. On serait riche Clyde, riche !

Othello s’était toujours demandé si c’était Haven qu’il apercevait depuis le port tout au nord de Snowbury. Ou bien peut-être un autre ilôt ? Il aurait aimé l’explorer, mais pour ça il faudrait prendre la mer. Et risquer de croiser d’autres cinglés de Séraphites. Seule Alcmène ne lui semblait pas fanatique, à moins qu’elle ne cache bien son jeu. Le jeune Oulianov se gratta le menton, à peine recouvert d’un léger duvet. Il se sentait nu sans son masque. Pour sûre qu’elle le remarquerait. Restait à espérer qu’il puisse se justifier avant qu’elle ne le plante sans vergogne.