il y a un feu qui brûle.
l’envie de se rebeller.
l’envie de tout changer.

et pourtant, malgré les étincelles qui fusent de ça et là, le brasier n’a jamais pris.
un manque de volonté, un manque de bravoure.
night rêve d’un autre monde, night rêve d’une nouvelle vie.
mais ne s’en donne pas les moyens.
désillusions après désillusions, l’espoir est mort et enterré.
au moins trois fois.

alors night ne croit plus en rien, et surtout pas en elle.
cinq ans qu’elle est chez les hunters.
elle ne voulait pas, mais papa n’était pas de cet avis. et night n’a jamais eu le droit de contredire le patriarche. vieux chasseur canadien à l’esprit arriéré, persuadé même avant l’apocalypse que les plus forts finissent toujours par gagner.
night a été élevé comme ça. vivant seule avec son père dans l’est de la forêt boréale, elle a grandit un fusil dans les mains, avec cette voix grave qui lui répétait: “pour survivre, il faut être le plus fort”, que “la vie réelle, c’est ça”, et qu’elle était “chasseur, pas la proie”.

qui aurait pu prévoir qu’en 2013 le monde basculerait comme ça ?

le patient zéro, l’incompréhension dans les regards et la pandémie qui éclate.
faisant voler en même temps le monde d’une gamine de 14 ans.
et de bien d’autres gens.
les premiers infectés arrivent dans le village forestier. coureurs et rôdeurs, c’est un véritable film d‘horreur.
night n’avait jamais vu la mort ailleurs que dans les pupilles sans vie du gibier.
lièvres, faisans, ou cerfs.
mais jamais chez ses semblables.

premier traumatisme, quand à 14 ans, le village est à feu et à sang.
la pandémie s’est propagée bien plus vite qu’on ne l’aurait pensé, et même dans un village aussi reculé.
mais les infectés sont là, et elle découvre avec stupeur le boulanger aux regard défiguré prêt à la tuer.
son père tire, il tombe. night est écœurée, effrayée, révulsée.
son père lui crie de fuir, de tirer, qu’il n’y a pas mort d’homme, que ce sont des monstres, des bêtes. il faut les chasser.
que c’est pareil que dans la forêt.
prendre les armes à son tour, dégainer, caler la crosse contre son épaule, viser.
tuer.
la caissière tombe à son tour, cet ado avec qui elle était à l’école, son voisin aussi.
ceux avec qui elle a grandit.
son père lui hurle qu’ils ne sont plus humains, plus vivants, et qu’il faut maintenant survivre.
mais night, elle, pense le contraire.
et ça la révulse à chaque fois qu’une de ses balles se perd dans leur chair.

les infectés pullulent dans la petite ville et les hommes restants sont contraints de fuir.
mais quand le monde s'effondre, la menace provient aussi de ses semblables.
les fugitifs sont désordonnés et égoïstes. et comme l’adolescente, ils n’aiment pas trop le patriarche de la famille evans qui a un peu trop tendance à se comporter comme un dictateur.
alors un soir, il y a une petite révolte.
ils visent les deux chasseurs, veulent s’emparer de leur armes et de leurs vivres.
night est attaquée pendant son sommeil. se réveille in extremis pour éviter les coups.
panique, urgence, peur.
elle ne comprend pas ce qu’il se passe.
une lame vient la frôler au visage, le sang fuse et night ne voit plus rien. elle a mal, elle pleure et crie.
elle ne peut plus qu’entendre et c’est un ouragan de bruit, de sang et de violence.
elle reconnaît son père qui grogne et se bat.
elle entend le bruit de quelques balles et puis plus rien.
la mutinerie est finie.
et son père a gagné.
night a désormais vu la mort chez les humains aussi.
marquée à jamais sous son œil gauche.

papa déteste ce mot, mais il faut fuir.
alors la famille evans fuit le pays, cherchant à rejoindre l'amérique, comme beaucoup d’autres. ils ont fuis à deux, parce qu’il n’y a jamais eu de mère ou une quelconque figure maternelle. papa n’a jamais répondu aux questions à ce sujet, et night n’a jamais trop insisté.
soupçonne d’avoir été adoptée.
mais n’a jamais demandé.
elle a toujours su qu’il ne fallait jamais contredire monsieur evans. le ton qui montait, le poing qui se serrait et le coup qui partait.
habituée depuis gamine, il disait que c’était pour l’élever, pour la renforcer.
froid, distant, autoritaire, sévère et dur. pas une marque d’affection, pas un geste de tendresse. c’est comme ça que monsieur evans élevait sa fille.
le combat et la chasse, c’était tout ce dont elle avait besoin pour survivre et se débrouiller dans la vie. les études, c’était surfait. superficiel et prétentieux.
l’école bien vite arrêtée, surtout quand le monde bascule au drame quand on a à peine 14 ans.

la route est longue, le monde est horrible.
les infectés sont terrifiants.
plus que les ours, les loups ou les lynx.
plus que papa.
mais il faut survivre, les affronter à tout prix. il faut se battre et s’en sortir. c’est tout ce qui compte.
fusil de chasse, les balles partent, se font de plus en plus précises. papa est fier mais ne le dit pas, ne le dira jamais.
deux ans plus tard, le duo finit par arriver à snowbury. le père connaît un certain siméon smith, partage ses idéologies, les emmène jusqu’à lui.
les hunters, ça sonne bien, pour des chasseurs.
night ne veut pas, n’aime pas ça, mais n’a pas le choix. elle intègre avec son père la faction des hunters, et poursuit son adolescence baignée dans la loi du plus fort.
le tatouage des chasseurs marquant sa peau sur sa jambe droite.

chasseuse pour les hunters avec elle et son père, night n’aime pas le monde, n’aime pas les gens, mais est tout de même un peu contente de retrouver ce qu’elle connaît: une forêt et du gibier.
le monde n’est pas comme avant, évidemment.
il est violent et dangereux. mais papa répète qu'il l'était déjà avant mais qu'on ne s'en rendait pas compte.
alors cordyceps ou pas, ce n'est pas bien grave.
il ne suffit plus de chasser pour manger, et manger pour survivre; il faut désormais ne pas se faire bouffer par les infectés .
mais night sait se défendre. adolescente de 16 ans en pleine crise et en pleine croissance, son corps se développe et elle commence à se débrouiller sérieusement.
elle n’aime pas sa vie, mais fait comme ce qu’elle a toujours fait: se taire et suivre son père.

mais siméon smith est assassiné froidement sur la place publique deux ans après leur arrivée et le patriarche est furieux.
il ne veut pas d’achilles wicked au pouvoir. veut une insurrection. veut se battre.
et finir par périr comme il a toujours vécu: battu par plus fort que lui.
à croire que c’était écrit.

night perd son père.
à dix-huit ans, une nouvelle fois son monde vole en éclats. le deuil est terrible, bien plus qu’elle ne l’aurait cru. la voilà seule auprès des hunters, à comprendre une nouvelle fois que les cordyceps ne sont pas la seule menace, loin de là.
il y a aussi les hommes.

deux ans qu’elle est seule, désormais. seule au milieu des hommes et de leur violence. mais elle s’est habituée, n’a finalement jamais connu que ça, et se dit que rien d'autre ne peut lui convenir.
et août 2019, un nouveau drame survient.
à croire que dieu tout là haut à décider que pour elle, les cycles seraient de deux ans à chaque fois.
elle chasse, night, comme d'habitude. vérifie ses pièges dans la forêt à l’est de hovden, prie pour ramener un gibier un peu gros pour les hunters.
mais night ne tombe pas sur des proies.
elle tombe sur deux rôdeurs.
elle repère le premier avant qu’il ne l’atteigne, dégaine son couteau pour se défendre et l’abattre.
l’autre est derrière elle, fond sur elle.
elle dégaine son fusil juste trop tard et tire par réflexe. ça file dans les jambes du monstre mais ça ne le tue pas.
il est à pied, croasse, lui mord la jambe.
ça déchire son treillis et la douleur s'empare de son corps, pile à l’endroit de son tatouage.
si ce n’est pas ironique.
night tombe au sol, et dans la douleur, se concentre pour tire une seconde balle. la portée d’un mètre à peine lui permet d’exploser le dernier rôdeur.
malheureusement pour elle, elle sait que c’est fini.
elle s’est fait toucher, elle s’est fait infecter.
un rire nerveux flotte dans l’orée de la forêt.
il n’y a plus qu’à attendre que ce foutu champignon prenne possession de son corps pour l’éternité.

mais la folie ne vient pas. la folie ne vient jamais.
elle a beau attendre, elle voit bien que rien ne se passe.
night ne comprends pas. et elle a de plus en plus mal.
elle ôte son masque à gaz, ça ne sert plus à rien de toute façon. perdue pour perdue, autant en finir.
mais l’infection ne prend toujours pas, et la douleur à sa jambe ne s’arrête pas.
c’est pas censé se passer comme ça.
alors elle se redresse en grimaçant, des larmes qui coulent sur ses joues de douleur. elle chope dans son sac dos sa boîte d’allumette.
il faut cautériser la plaie.
elle enlève sa veste, se fout la manche dans la bouche pour serrer la mâchoire et faire le moins de bruit possible.
et brûle sa chair ensanglantée.
night n’est pas la plus douée en premier soin, et passe probablement un des pires moments de sa vie, seule sur le sol de la forêt à tenter de brûler elle-même ses plaies.
les larmes continues de couler, la mâchoire se serre de plus en plus pour tenter d’étouffer la douleur.
il faut rester fort.
fort fort fort.
c’est papa qui la dit.

sa jambe fait peine à voir. mais au moins, elle ne saigne plus.
elle est diminuée pour un temps, a du mal à marcher, mais décide tout de même de rentrer.
elle a compris que quelque chose clochait. qu’elle aurait déjà dû être infectée.
elle a compris qu’elle était immunisée.
et elle sait qu’il faut à tout prix garder ça secret.
alors elle rentre au bercail non sans peine. elle a faim, froid et mal. mais elle finit par y arriver parce que night est night. et qu’elle n’abandonne jamais.
une fois chez elle, elle bande sa plaie définitivement et cache en permanence son tatouage défiguré par le rôdeur aux yeux des autres.
n’en parlera à personne, couvrira cet événement par un accident à la chasse. dissuasive et renfermée dès qu’on a essayé de lui demander pourquoi est-ce qu’une des meilleures chasseuses du groupes boitait pendant cinq mois.
mais l’agressivité et l’hostilité de night fait qu’on arrête bien vite de lui poser des questions.
et ça la pousse à s’isoler encore plus des autres.
personne ne doit le savoir.

et night poursuit sa vie parmi les hunters.
si elle n’avait aucun attachement pour siméon smith, elle déteste achilles wicked qu’elle tient responsable de la mort de son père.
certes, ce n’était pas le plus meilleur des hommes, et elle était persuadée pendant longtemps de le détester. mais… c’était sa famille.
night est assez intelligente pour ne pas le montrer. elle ne veut pas mourir.
alors elle fait profil bas, continue de servir les hunters et de s’occuper de la chasse et des vivres. se fait une place, petit à petit, discrète et distante, mais suffisamment dissuasive pour ne pas qu’on la fasse chier.
parce que c’est comme ça qu’on lui a appris à survivre.

cependant, elle s’est promit une chose.
partir de chez les hunters.
partir d’ici.
et vivre sa vie.

● 1999 - 2013: night vit dans un village à l'ouest de la forêt boréale, au canada. élevée par son père seulement, mauavsi parent mais bon chasseur. elle apprend à chasser et à se battre depuis qu'elle est gamine. elle n'aime pas sa vie, elle n'aime pas son père, mais elle sait qu'elle n'a ni son mot à dire ni le dernier le mot.
● 2013: le monde s'effondre pour la première fois. il faut tuer les infectés et fuir le village avec les quelques rescapés. papa evans prends les devants et lead le groupe, ça ne plaît pas. la mutinerie éclate, et night et son père parviennent à survivre avec comme seul tribu une cicatrice sous l'œil. elle voit des êtres humains mourir pour la première fois.
● 2015: après deux ans de fuite, son père les emmène à snowbury pour intégrer les hunters. siméon smith et monsieur evans se connaissent visiblement de longue date et le paternel trouve la mentalité des pirates idéales. les voilà qui intègrent la faction et qui chassent pour les hunters.
● 2017: siméon smith se fait assassiner par achilles wicked. le père de night, partisan pour l'ancien leader des hunters, se rebelle et se fait également abattre. night perd son père, deuxième traumatisme. elle est désormais seule chez les hunters et se fait de plus en plus discrète et solitaire.
● 2019: pendant une journée de chasse, elle se fait mordre par un rôdeur qu'elle abat tout de même. persuader que c'est la fin, elle se rends bien compte au bout de longues et longues heures qu'absolument rien ne se passe. la voilà immunisée au virus.
● 2021: la vie à reprit son cours et night est toujours chez les hunters, discrète, hargneuse et sauvage.