Elle n'aimait pas mentir Alcmène, moins encore lorsque c'était le regard de sa mère qu'elle devait soutenir, pincé dans un sourire, pour offrir à la Vérité une porte de sortie. Dieu seul sait ô combien elle avait manqué de faillir tout ces matins lorsque ses "je t'aime" piquait et les confessions brûlait sa gorge, mais aurait-elle seulement pu lui avouer qu'elle partait chaque matin aider une ennemie, et qu'à présent elle le regrettait amèrement ? Si Alcmène ne mettait en aucun cas en doute le silence maternelle, elle craignait surtout l'instinct qui aurait pu s'éveiller si sa fille s'était faite prendre. Le blâme qu'aurait pu prendre Yue Liang en tentant vainement de protéger son enfant contre un peuple tout entier, le fiel au bout des crocs. Dieu qu'Alcmène avait été égoïste. Alors, son pendentif de biche pincé entre ses lèvres et le regard un peu fuyant, l'adolescente avait embrassé le chemin du temple après plusieurs détour inutiles, comme pour retarder l'inévitable. Un peu courbé, comme si le poids de Celui tout en Haut s'était abattu sur ses épaules, Alcmène se sentit infiniment minuscule lorsque l'océan de son regard croisa les titanesques portes qui la séparait de sa mère.

Nop. Nop nop nop. Alcmène fit soudain demi tour et trouva place à quelque mètre seulement, au sol, son sac orné de plume plaqué contre son ventre, le visage plongé dans les coutures comme pour dissiper chacun des doutes qui trouvèrent naissance sur les froncement de son front et sourcils. Maman savait, Alcmène en était persuadée. Il y avait quelque chose dans son regard, elle savait, obligatoirement, et tentait de la jouer cool. Qui diable avait doté les mères de ce genre de sens d'abord ?  Comme lorsqu'elle avait comprit que sa fille dealait la sauce piquante des pizza à l'école et ce, contre des bonbons. Ou qu'elle avait deviné que sa fille allait pousser le petit Timmy après que celui-ci ait tenté de lui voler SA peluche et ce, avant même qu'Alcmène ait pu esquisser le moindre geste. Ou peut être qu'Alcmène était effroyablement prévisible. Ou une très mauvaise menteuse. Et que le super détecteur à problème de maman n'existait pas.
Ok. Se redressant brusquement, Alcmène s'efforça de lâcher son emprise autour de son pendentif et réagença chacun de ses collier un par un, comme pour ordonner ses pensées à mesure qu'elle déliait chacun des nœuds. Elle lissa sa longe robe plus aussi blanche pour en chasser la poussière avec une rigueur toute singulière. Enfin seulement, son regard se braqua sur le temple, comme l'aurais fait Hercule devant cerbère.

- Sois forte. Si elle sait, plaque un contre uno plus vite qu'elle.

Poussant les portes du sanctuaire dans une inspiration qui se voulu assuré, Alcmène croisa une posture si droite qu'elle parvint à souffler le peu d'hardiesse rassemblée par l'intruse. La bible se ferme, Alcmène ose un pas, puis un second qui se fige de nouveau en réalisant que le visage de Yue Liang, sacro sainte prêtresse, se tourne vers elle. Alors elle prétexte relacer ses rangers la petite Alcmène, comme pour ne pas trahir son peu d'assurance. Pour autant,  le manque de fermeté, si ce n'est animosité dans l'atmosphère délia si vite l'allure de l'adolescente qu'elle pressa presque le pas jusqu'au banc où trônait, sublime, sa mère.

- J'ai suivi des élans ! Argua fièrement la petite en ramassant une bible laissé sur un banc du fond. Elle la plaqua machinalement à sa poitrine mais se stoppa devant les bougies lorsqu'elle voulu la remettre en place. Lors de ses premières années à Haven, Alcmène en allumait toujours une pour son père. Comme pour demander au Tout puissant de le protéger, malgré le fait qu'il ait délibérément abandonné Haven et sa terre sainte. Et puis, à force de commentaire, ou peut être soumise à la peur qu'insufflait le regard inquisiteur de quelques personnes, elle avait finit par arrêter. Ou était-ce parce qu'elle avait finit par bannir son père de ses souvenirs ..? Qu'elle préférait se convaincre de sa mort plutôt qu'admettre qu'il était parti et qu'il ne reviendrait jamais sur le pont ? Alors, prisonnière d'un réflexe aussi vif qu’irrépressible, Alcmène porta à sa bouche son pouce et indexe mais laissa son geste en suspension, là, devant cette bougie vacillante qui la narguait presque. Un soupire pour tout aveux d'échec, Alcmène finit par lui tourner le dos, reposer soigneusement la bible à sa place avant de rejoindre sa mère et abattre sa longue tignasse blonde sur ses cuisses.

- J'en ai eu une. Osa t'elle à mi-mot, des étoiles dans les yeux. Comme épaté par son propre exploit. Une petite femelle, à mi chemin entre l'enfance et l'âge adulte. Alcmène ignorait comment elle avait pu trouvé la force de la ramener jusqu'à sa barque et traîner son cadavre jusqu'à Haven, mais elle l'avait fait. Du moins, la colère et quelques insultes avaient étés un moteur suffisant pour traîner ce cadavre, là, entre les frustrations et larmes qui avait résulté de sa matinée avec Night. Alors, machinalement, comme lorsque quelque chose la tracassait, Alcmène ramena doucement a elle la main de Yue Liang pour dessiner en son creux une étoile, tout doucement, du bout du pouce. Mais j'aurai pu en avoir un plus gros, si je ne m'acharnait pas à partir seule..