Délaissant la rive aux premières lueurs du jours, la barque d'Alcmène ridait l'onde sous l'oeil encore assoupi d'Haven. L'adolescente avait prit la mer un peu précipitamment, la pupille nerveuse, sans cesse jeté au dessus de son épaule comme de peur de voir surgir un Luther furieux ou une mère consciente des mensonges susurré à ses oreilles depuis plusieurs jours déjà. Dévastée par le comportement de son unique enfant. A dire vrai, une flèche tiré par leur peuple aurait été plus douce à supporter que le poids de la culpabilité venu lui mordre les tripes et, si Alcmène se répétait que ce qu'elle faisait était - si ce n'est nécessaire, - une bonne chose,  l'ombre porté par les séraphites lui arracha pour la première fois de sa vie un sursaut d'effroi. Presque autant que l'idée de réduire en miette les attentes maternelle. Pourtant, l'héritière Boisvert ne parvenait à se résoudre à lâcher l'affaire. Qu'importe ce que hurlait la tête ou le cœur, l'instinct demeurait là. Inexorablement attiré par la rive opposé. Par son miracle au regard usé.

Dieu seul avait pu entrelacer leurs chemins, ou du moins conduire la toute jeune Séraphite là, penché sur le visage renfrogné de Night. Couronnée par l'aurore, ses longs cheveux blond refermé comme un rideau entre elles et le monde. Alcmène aurait pu décrire chacun des froncements qui avait accueillie ses grands yeux bleu, pour autant, ce fut les cernes qui la marquèrent en premier lieux, mais bien moins que cette lueur morne dans le regard de Night. Un je ne sais quoi qui fendit le cœur de l'héritière Wick- Boisvert et conforta sa patience et sa douceur. Un air cassé qui tranchait tant avec son jeune âge qu'Alcmène s'était promise de lui rendre le sourire. Quand bien même l'urgence etait de conduire ce fauve à rester en place et laisser faire la guérisseuse.

Un peu fée, un peu sorcière, on murmurait parfois à Haven que la fille de Yue était capable de dérober à la mort des cas pourtant désespéré. Des presque mort, dont l'âme pesait en suspend au dessus de leur visage. Pour autant, Alcmène aurait revécu les pires extraction de balle et l'accouchement désastreux de Dolly cent fois si cela avait pu rendre la tâche avec Night plus aisé. Pas que son cas fut le plus complexe qu'Alcmène ait eu à traiter, mais jamais elle n'eut à courir aussi vite pour se jeter sur le dos d'un patient et ce, pour l'obliger à rester en place. Et elle avait juré ce jour là, les mains fermement agrippé aux poignets de son aîné, que Night serait soignée qu'elle le voulait ou non. Ponctué d'insulte française parce que c'était les seuls injures qui osait franchir la barrière de ses lèvres. Celle que mamie n'aurait jamais compris, dernier vestiges d'un père dont elle avait oublié le visage. Alors peut être, le visage rond et gracile d'Alcmène avait prit un air aussi renfrogné que celui de Night -Par mimétisme,  pour se faire plus imposante qu'elle ne l'était vraiment, ou du moins plus crédible- mais il avait finit par se délier à mesure que la pression retombait, et que son souffle s’apaisait. Ce fut seulement après que l'adolescente compris ce qu'impliquait le fait que Night soit encore en vie, et le miracle véritable qu'elle, comme maman, composait.

Bondissant hors de la barque lorsque celle-ci peina à s'aventurer d'avantage, Alcène tacha de la dissimuler aux pieds de deux saules tortueux pour reprendre sa progression à pied. Elle tressa machinalement l'une des mèches où dansait quelques plumes de pie émacié, là, sous la caresse de l'eau et entreprit de retrouver le lieu habituel. Trempée jusqu'à l'os, frissonnant un peu sous les baisés du vent, sa longue robe blanche fendu sur flanc droit lui collait à la peau, dévoilant une maigreur naissante et les dernières runes venu orner sa cuisse diaphane. Pour autant, ni l'eau, ni le froid ne semblèrent en mesure d'éteindre l'irrépressible étincelle venu palpiter dans son regard. Au contraire. Le sourire d'Alcmène s'accentua lorsque le soleil parvint à percer l'épais feuillage du bois pour épouser ses mèches d'or et nacre, glissant le long de leurs ondulation pour finalement nicher là, tout doux, contre sa gorge brûlé et la myriade de collier qui y reposait.

“yo.” Night bondit à la manière d'un chat, et si la séraphite fronce un peu le nez devant la réception pourtant souple de la jeune femme -sa propre cheville aurait sans doute défaillit-, son sourire se fait infiniment doux lorsque la question de la solitude est abordé. Alors, l'éther au bout des doigts, l'adolescente fit glisser son sac le long de son épaule et entreprit de fouiller à l'intérieur. Elle était seule, évidemment, et n'envisagea pas sur le moment que Night aurait pu venir à plusieurs. Déjà parce que Alcmène avait tenté de lui imposer la promesse du petit doigt, oui, mais surtout parce que Night était fière. Peut être trop pour attirer quelqu'un d'autre à son chevet. Quant au piège, l'enfant de Yue avait déjà argué que toute personne aillant causé sa mort se verrait hanté et traîné en enfers et ça, si Luther ne venait pas péter des gueules. Et il le ferait, assurément.

- Une promesse est une promesse, Night. Entama finalement l'adolescente en arrachant a son sac à dos une minuscule boite gravé de pissenlit. - L'été dernier j'ai fais séché des fraises. J'espère que t'aime ça. Il n'en restait qu'une maigre poignée,  entre les les bleuet et les aronies,  mais Alcmène espérait que le printemps lui permettrait de refaire ses stocks d'ici quelques mois. Elle confia doucement la boîte aux mains et son miracle et finit par trouver place au sol, ramenant son sac orné de plume diverses et coloré contre son ventre.

-Comment vas tu ?